AGNES LORCA

artiste peintre belge

11 July 1941 - 26 November 1997

FLASH BACK... sur un départ précipité
 

Le 26 novembre 1997, A. Lorca nous a quitté. Rien ne laissait présager son départ. Sur le chevalet, une toile vierge attendait. Un rouleau neuf de protection des droites encore emballé était posé à côté de sa boite à peinture au centre de laquelle trône son tube fétiche, le vermillon de Blockx...


Ses amis et admirateurs étaient pour la plupart sans nouvelles de son travail depuis 1988. Au printemps de cette année-là, une exposition personnelle dans une très belle galerie de  Philadelphie, aux États-Unis, devait marquer un tournant décisif dans sa carrière. Être appréciée du public américain symbolisait pour elle la début d’une vraie reconnaissance. Aux premiers jours de cette exposition, la galerie ne désemplit pas... Toutes les toiles promettent de se vendre rapidement, puis soudain le propriétaire de la galerie, un Anversois, disparaît. Lui, sa galerie et les toiles sans laisser de trace et surtout, sans avoir versé le moindre centime à l’artiste. On apprendra, après avoir porté plainte, qu’il s’agissait d’un escroc recherché de longue date par Interpol. La même année, la mère d’Agnes Lorca s’éteint dans de pénibles circonstances. Ces deux événements la choquent profondément.


Ceux qui étaient alors familiers de ces peintures connaissaient la nature grave et tourmentée de ses sujets. Incommunicabilité, Indifférence, incompréhension étaient des thèmes récurrents. Les critiques d’art qui avaient d’ailleurs toutes les peines à la “cataloguer” dans l’un ou l’autre mouvement, parlaient souvent de son inconscient tumultueux, de son «Surréalisme humanitaire»... Nous, qui la connaissions bien, nous qui vivions si harmonieusement, nous savions que les peintures d’A. Lorca, aussi dures pouvaient-elles paraître, naissaient avant tout d’un élan d’amour, d’optimisme et de soif de vivre.


En 1988, blessée au plus profond de son être, le carnet de croquis est délaissé, l’inspiration se tarit. Trois dernières œuvres réalisées au cour des années ‘89 et ‘90 la trahissent de façon évidente : Angel, le portrait déformé d’une jeune femme penchée à la fenêtre, et deux scènes de masque: Venise (I) et le Japon. Puis plus rien. Besoin d’air... de voyages, d’exotisme, de contacts humains purs, authentiques, de beautés...


A. Lorca prend plusieurs années des cours d’anglais et se met à voyager aussi passionnément qu’elles a peint. Le Népal, L’Égypte, La  Chine et le Vietnam  (dont quatre mois, sac-au-dos), l’Indonésie, Le Tibet, la Gambie, le Sénégal et de nombreux séjours aux Antilles... A ses retours, elle entreprend progressivement de grands “nettoyages” et détruit dans la foulée 24 tableaux. A l’évidence, une page est tournée. Elle ne peindra plus jamais comme avant.


En 1996, encouragée par son entourage, A. Lorca reprend enfin les pinceaux. Elle confesse que l’odeur des couleurs à l’huile et de la térébenthine lui ont manqué. Persuadée qu’elle n’exposera plus, elle entreprend une série de toiles “souvenirs de voyage”. Juste pour le plaisir...

Vous trouverez sur ce site cinq lumineux portraits de Chine et du Tibet. Plus d’une décennie après sa disparition, les regards de ses personnages nous étonnent toujours car ils semblent nous défier. Une force, une maturité, un jugement se dégagent sans être pour autant exempt d’un brin de scepticisme et de lassitude...  La sixième toile est vierge. Il nous reste à laisser courir notre imagination, peut-être qu’en rêve nous rejoindrons ses pensées secrètes et verrons...


Nous sommes convaincus que la densité de ses sujets, la richesse de ses couleurs, la parfaite maîtrise de son art et la volupté de ses coups de pinceaux ne prennent pas une ride et continuent de bouleverser ceux qui l’approche. Ses tableaux méritent la reconnaissance, puisse  “la Toile” aider à sa renommée.

A. Lorca n’est pas morte, car elle vit de façon trop intense dans chacune de ses 57 œuvres disséminées aux quatre coins du monde. C’est pour nous tous un extraordinaire héritage...


Tes enfants, petits-enfants et ton mari qui t’aiment très fort

et ne cesseront jamais de penser à toi...